Dr Emmanuel BENSIGNOR
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La leishmaniose canine

Qu'est-ce que la leishmaniose ?

La leishmaniose est une maladie parasitaire, due à la multiplication dans l’organisme d’un protozooaire, Leishmania donovani var. infantum. Les manifestations cliniques de cette protozoose sont multiples. Tous les organes de l’animal peuvent être touchés, à l’origine de tableaux cliniques très variés. La peau est un des organes cibles principaux. A ce titre,  l’apparition de troubles cutanés chez un animal vivant en région d’endémie doit faire évoquer cette hypothèse diagnostique.

Une maladie régionale

Leishmania donovani est un protozoaire unicellulaire, qui se développe dans le tube digestif d’un insecte (l’hôte définitif) et qui est transmis par piqûre à un mammifère (l’hôte intermédiaire). Chez ses deux hôtes, le parasite se multiplie activement. En France, les insectes responsables de la transmission des leishmanies sont de petits moucherons, Phlebotomus perniciosus et Phlebotomus ariasi. Ils ne se rencontrent que dans certaines régions ou dans certaines zones qui leur sont favorables. La leishmaniose est donc limitée à leurs aires de développement: en France il s’agit de la région sud-est, selon un triangle entre Andorre, Nice et Lyon. Des cas sont cependant régulièrement rapportés dans d’autres régions, peut-être à la suite de la dissémination des insectes à partir d’avions ou de voitures depuis les régions endémiques. Les mammifères sensibles sont le chien, le renard, l’homme et le rat. Des cas ont été décrits chez le chat et le cheval, mais ils restent exceptionnels. En France, le principal réservoir de parasites est représenté par le chien.

Des symptômes très variés

Suite à la piqûre par le phlébotome, les parasites sont « absorbés » par l’organisme et se multiplient activement, à l’origine de la dissémination de l’infection.
Les symptômes de la leishmaniose sont variés: il s’agit d’une maladie générale. L’atteinte cutanée n’est pas systématique dans la leishmaniose, mais il s’agit d’une manifestation classique de la maladie. Selon les études, entre 50 et 80 pour cent des animaux malades présenteraient des symptômes cutanés. Les lésions initiales sont constituées par le chancre d’inoculation. Il s’agit de la multiplication active des parasites au point de piqûre du phlébotome. On note initialement un épaississement et une enflure de la peau. Un nodule peut se former sous la forme d’une boule, de plus ou moins grande taille (0.5 à 2 centimètres de diamètre). Souvent le centre est percé et saigne, parfois il est recouvert d’une croûte. Ces lésions se rencontrent préférentiellement au niveau des sites très exposés comme la face interne des pavillons auriculaires, la truffe et le chanfrein. Selon les études, ces lésions initiales seraient fréquentes, rares, ou passeraient facilement inaperçues. Elles persisteraient entre 3 et 9 mois avant de disparaître. Après dissémination de l’infection, des troubles cutanés généralisés apparaissent. Le symptôme « typique » de la leishmaniose canine est le développement de squames (« pellicules ») de grande taille, qualifiées de psoriasiformes, car elles ressemblent aux squames observées dans le psoriasis chez l’homme. Leur aspect est brillant. La peau est épaissie, elle prend un aspect grisâtre, parfois un aspect de peau d’éléphant. Les ongles sont déformés, fissurés et souvent anormalement allongés (« ongles de fakir »). Enfin, la production des poils est altérée. Des chutes de poils en plages au niveau des saillies osseuses et/ou de la face sont fréquentes. Des anomalies pigmentaires sont possibles. Ces troubles de la pigmentation sont à rechercher attentivement, car relativement évocateurs.
Une forme cutanée relativement rare est caractérisée par la multiplication en grand nombre des parasites dans la peau. Ceci conduit à la formation de nodules, de localisation et de taille variables. Leur croissance est généralement lente. Les races à poils courts (Boxer, Braques) seraient prédisposées.

Un diagnostic parfois difficile

De nombreuses techniques de diagnostic sont disponibles.  En cas de suspicion de leishmaniose, le vétérinaire réalisera des examens complémentaires adaptés. Dans certains cas une prise de sang suffit. Dans d'autres, des examens plus invasifs peuvent être nécessaires: ponctions de ganglions ou de moëlle osseuse.

Faut-il traiter les chiens leishmaniens ?

Le traitement de la leishmaniose canine est, à ce jour, difficile et coûteux, et la décision thérapeutique est à adapter au cas par cas. En pratique, il est important de formuler un pronostic: en présence d’un animal très malade, souffrant d’une insuffisance rénale grave, avec des lésions très étendues, l’euthanasie peut être décidée. Sur le plan cutané, un autre point à prendre en compte est la possible (bien qu’exceptionnelle) possibilité de transmission à l’homme. La leishmaniose est en effet une zoonose. La transmission se fait directement par l’intermédiaire des ulcères cutanés en contact avec une plaie chez le propriétaire. En présence d’ulcères nombreux chez le chien, ce risque doit être évoqué avant la mise en place du traitement.